Infirmières bulgares: un règlement avec l’UE butte sur les compensations
22062007TRIPOLI, 22 juin 2007 (AFP) – La perspective d’un règlement de l’affaire des infirmières et du médecin bulgares condamnés à mort en Libye, un moment annoncé comme imminent par ce pays, s’est éloignée vendredi, les familles des victimes affirmant ne pas avoir obtenu les compensations financières réclamées.
Un responsable de la fondation Kadhafi avait affirmé mercredi qu’une sortie de la crise serait annoncée vendredi. Mais la Commission européenne comme la Bulgarie étaient restées sceptiques sur la réalité de cet accord.
« Malgré les négociations difficiles, un compromis a été trouvé sur les différents point de l’accord, dont les soins et le traitement des enfants, mais il manque encore un seul point portant sur les compensations », ont affirmé vendredi les familles dans un communiqué, sans donner de chiffres.
Le directeur de la Fondation Kadhafi, Salah Abdessalem, a déclaré de son côté que l’acceptation par les familles du principe d’un règlement « montre que nous sommes au bout du tunnel ».
« En cas de compromis sur le dernier point (celui des compensations), l’accord sera considéré comme une renonciation par les familles à la peine de mort » prononcée contre les infirmières et le médecin bulgares, a expliqué pour sa part le porte-parole des familles, Idriss Lagha.
« Cet accord serait présenté alors au Conseil supérieur des instances judiciaires qui pourrait décider de commuer (la peine capitale) en peine de prison ou autre », a-t-il dit à l’AFP, faisant allusion à une possible libération des six praticiens condamnés à mort en 2004, accusés d’avoir délibérément inoculé le virus du sida à 438 enfants de Benghazi (Libye), dont 56 sont décédés.
La Cour suprême libyenne, qui a mis mercredi son jugement en délibéré au 11 juillet, a de nouveau requis la peine de mort contre les détenus.
A l’issue de cette audience, un responsable de la Fondation Kadhafi avait affirmé qu’un règlement serait annoncé vendredi.
Mais la commissaire européenne aux Relations extérieures Benita Ferrero-Waldner avait estimé jeudi à Bruxelles qu’il n’y avait « pas encore » de signes d’un accord.
Sa porte-parole, Christiane Hohman, avait toutefois évoqué auparavant l’annonce d’un accord vendredi entre les familles des enfants et un « Fonds spécial d’aide » aux victimes, créé en 2005 par Tripoli et Sofia.
Vendredi, la Fondation est revenue à la charge, demandant à l’UE de tenir « les promesses et engagements » faits par les deux parties et mentionnés dans des documents signés le 10 juin lors de la visite en Libye de Mme Ferrero-Waldner et du chef de la diplomatie allemande Frank-Walter Steinmeier. Selon le directeur de la Fondation, ces engagements concernent l’appui européen au Fonds d’aide aux familles, la modernisation du Centre d’immunologie de Benghazi et l’activation d’un partenariat euro-libyen avec en prime la réalisation de projets européens en Libye.
Une source libyenne a précisé à l’AFP que ces projets porteraient entre autres sur la construction d’une autoroute et d’un chemin de fer reliant l’Afrique à l’Europe, annonçant par ailleurs la reconversion de la dette libyenne auprès de « certains pays européens, dont la Bulgarie », en contributions dans le fonds d’aide aux familles.
Les négociations sont en cours pour convaincre les familles de revoir à la baisse leurs prétentions financières a ajouté la même source sous couvert de l’anonymat.
L’UE, pour qui les infirmières sont innocentes, a exprimé à maintes reprises son opposition au chantage et au versement de compensations.
Les infirmières Kristiana Valtcheva, Nassia Nenova, Valia Tcherveniachka, Valentina Siropoulo et Snejana Dimitrova ainsi que le médecin palestino-bulgare, Achraf Joumaa Hajouj, sont détenus depuis plus de huit ans et clament leur innocence.
Ils ont reçu le soutien d’experts internationaux tels que Luc Montagnier, le codécouvreur du virus du sida.
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